Kenneth Noland (1924-2010)
Cette oeuvre de Kenneth Noland reprend le motif de la cible bien connu chez son complice Jasper Johns. Chez Noland, la couleur, délicatement aspergée, s'estompe, se dissout. C'est une couleur mouvante, vibratoire. On est happé, captivé. On ne voudrait plus bouger.
Jorge Queiroz (1966)
Galerie Nathalie Obadia
Untitled, 2014
Pastel, gouache, vinyle et crayon. Sur papier
Il faut cesser de se demander si Jorge Queiroz est dessinateur ou peintre. Il faut aussi cesser de s'interroger sur la signification de ses oeuvres. Queiroz nous y invite, qui les définit comme des "Objets Visuels Non Identifiés". On est libre. Le travail de l'artiste est long, les scènes, comme ils les nomment, se construisent petit à petit, dépendant les unes des autres. On est perdu. On se raccroche à ces volumes anthropomorphes, pas au fond qui entraîne dans l'indéfini. On du temps devant cette image du "monde flottant", Quieroz reprend à son compte le terme japonais d'ukyo-e qui définit les estampes décrivant cette beauté éphémère du monde.
Philip Guston (1913-1980)
TO J.S (Jules Supervielle), 1977
Peintre américain, Guston opère un retour à la figuration à la fin des années 60. Ici, en résonance avec un poème de Jules Supervielle, Guston montre des cheveux qui s'abreuvent. Comment s'y prend-il pour que reconnaissions des chevaux, alors que seul le fer des sabots semble identifiable ? Par une puissance poétique égale à celle de Supervielle, Les Chevaux du Temps:
Quand les chevaux du temps s'arrêtent à ma porte
J'hésite toujours un peu à les regarder boire
Puisque c'est de mon sang qu'ils étanchent leur soif.
Ils tournent vers ma face un oeil reconnaissant
Pendant que leurs longs traits m'emplissent de faiblesse
Et me laissent si las, si seul et décevant
Qu'une nuit passagère envahit mes paupières
Et qu'il me faut soudain refaire en moi des forces
pour qu'un jour où viendrait l'attelage assoiffé
Je puisse encore vivre et les désaltérer.
In Les Amis Inconnus, 1934
Markus Lüpertz (1941)
Nacht, 2013
Techniques mixtes
Markus Lüpertz, formé dans la ville féconde de Düsseldorf est un peintre majeure de la scène allemande. Ici, loin de ses grands formats inspirés par la Seconde Guerre Mondiale, il représente une figure humaine dans un paysage. Le cadre est peint par ses soins.
La vigueur du dessin du corps s'oppose aux douceurs du paysage. Entre nervosité, inachèvements et aplats colorés, la peinture en tension stimule la vision.
N.B: une exposition consacrée à Markus Lüpertz aura lieu au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris à partir du 24 avril 2015.
Robert Rauschenberg (1925-2008)
Waddington Custot Gallery
Orange, 1997
Robert Rauschenberg reprend dans ce grand format des techniques propres aux collages qu'il entreprend au début des années 50, en précurseur du Pop Art. Ici, on est un peu dérouté par la sagesse de la composition mais la rythmique colorée s'impose et les rapprochements de formes et de couleurs retiennent l'attention.
Nicolas de Staël (1914-1955)
Nature morte, poires, fond vert et orange, 1954
Une des dernières oeuvres de Nicolas de Staël, de celles qui font oublier que l'art à une histoire, celle de la nature morte, de la libération de la couleur... La simplicité et l'efficacité laissent pantois. A contempler sans modération, les poires de Staël sont enivrantes.
Patrick Heron (1920-1999)
Peintre anglais influencé par Matisse et Braque, Héron se tourne vers l'abstraction comme pour concentrer les motifs matissiens et leur donner une autonomie. Le vert acide répond au rouge orangé aussi bien qu'aux bleus plus apaisés. Le léger non finito apporté par le blanc nuance la saturation colorée, tout en subtilité.
Josephine Meckseper (1964)
Allemande de naissance, vivant à New-York, Josephine Meckseper s'est engagée dans un travail de décryptage de la société. Ses installations rassemblent des objets emblématiques de la société de consommation et des sculptures informelles. Un miroir reflète l'image d'un visiteur fragmenté, ainsi intégré (ou désintégré) à l'oeuvre. Le raffinement des formes combiné à une oeuvre politiquement forte.
Marc Desgrandchamps (1960)
Galerie Eigen + Art
Une fois encore, le travail de Marc Desgrandchamps surprend.
Le bleu de la mer est peut-être plus intense que dans d'autres tableaux, l'étagement des plans colorés du paysage fait partie du corpus. Le motif de la fenêtre et des voilages, nouveaux, créent un écran. Formes, couleurs, lignes sont de qualité et de forces équivalentes. La figuration est évocatrice, mystérieuse. Admiration.