Un très long article, Art and Fraud in China,  paru le 28 octobre 2013 à la Une du International New York Times a attiré notre attention.
Nous livrons ici quelques informations traduites, qui concernent essentiellement le marché des enchères.

Le marché chinois de la vente d'oeuvres aux enchères, balbutiant il y a 20 ans, est aujourd'hui le plus important au monde - 6,5 milliards d'Euros en 2012 , dépassant celui des Etats-Unis. Depuis, 2003, il a augmenté de 900% !

En 2011, une peinture de Qi Baishi, artiste chinois du XXème siècle a été adjugée 65, 4 millions de dollars (environ 48 millions d'Euros), somme jamais atteinte pour une oeuvre chinoise.
Les récents fortunés se tournent majoritairement vers les marques de luxe européennes; mais pour l'art, ils préfèrent de loin l'art traditionnel de leur pays.
Ce qui favorise une production de faux exponentielle. La conséquence directe de ces contrefaçons de très haute qualité est le non paiement d'un nombre important d'enchères par crainte d'achat d'un faux.
L'exemple le plus spectaculaire et le plus embarrassant est la décision de fermeture, dans la province du Hebei. La majorité des objets seraient des faux.
Légalement, les maisons d'enchères ne sont pas tenues pour responsables si les oeuvres qu'elles vendent sont des faux. Ce vide juridique empêche d'assainir efficacement le marché.
Une décision gouvernementale récente permet désormais aux maisons d'enchères occidentales d'accéder au marché de l'art chinois, ce qui est le cas de Sotheby's et Christie's
Certains enchérisseurs font monter les prix d'un artiste qu'il collectionne pour faire augmenter la cote mais ne paient pas les oeuvres acquises.
Entre 2008 et 2011, le gouvernement a suspendu la licence de 150 maisons d'enchères sur les 350 existantes.
Pour un nombre grandissant de Chinois, l'achat et la revente d'oeuvres est un moyen facile d'enrichissement. Ce qui favorise un engouement sans précédent pour la spéculation. 

Vous permettrez à l'auteur de ce site d'ajouter ce billet d'humeur:

L'art et sa commercialisation sont liés de manière inextinguible, nous en convenons
Mais il est bon de pratiquer un étonnement philosophique par rapport à des situations qui semblent intangibles. Ainsi, peut-on rêver à d'autres formes d'appropriation de l'oeuvre: attribution au mérite - un amateur d'art peu fortuné, à qui l'artiste, ses ayant-droits, ou un galeriste offrirait une oeuvre. L'alternative du tirage au sort est envisageable, une loterie; le destin réunissant l'amateur d'art peu fortuné à l'objet de sa contemplation. Cela ne manquerait pas de panache. L'affaire pourrait même devenir  happening, ce serait un exemple abouti de la participation active demandée aujourd'hui au regardeur. A notre connaissance, cela n'a pas été fait...
En dernier lieu, nous suggérons la vente aux enchères fictive. Le public enchérit. celui qui se montre le plus motivé, passionné, drôle remporte l'oeuvre, à l'issue du vote d'un jury digne de confiance. Après le succès de l'Air Guitare, qui consiste à mimer le jeu du guitariste sans produire un seul son, ce type de vente aux enchères peut trouver sa place !



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